9.5.24

Marcela D'ORTENZIO du 17 au 31 mai 2024

 Ne pas les déranger. Ils sont éclairés d’une lumière infime, en clair-obscur, à peine dans la pénombre peut-on les discerner. Une dormeuse, un dormeur, deux intranquilles apaisés, des silhouettes que l’on devine « presque ». Rien n’est appuyé ou vraiment défini, en suspension comme flottant dans l’espace. De dos accroupi,  « il » semble téléphoner. On pourrait entendre le murmure d’une voix. Nous sommes là et nous n’y sommes pas. Et lorsque le corps se dévoile c’est avec pudeur et sans fard. Cela demeure un mystère, celui de cette peinture intense et silencieuse, absente de dissonance, accordant pérennité au peu, au presque rien d’un instant vécu, condamné à l’enfouissement ou la dilution : une peinture rythmée par le sentiment et l’émotion.

De tailles modestes et de formats carrés, peintes sur bois et de tons chauds pour mieux diffuser la lumière et laisser entrevoir la chose à voir juste esquissée, comme un effleurement, les œuvres de Marcela D’Ortenzio ont ce petit « quelque chose » d’un journal intime; ce sont des fragments de réminiscences, des confidences où l’intime se love dans le rêve éveillé, un entre deux de la conscience et de la perception. Devant leur grande délicatesse et leur sincérité non feinte, la discrétion devient évidence. Par la subtilité de leur lumière ne distinguant pas le diurne du nocturne, une écriture sobre, économe de tons, un classicisme formel élégant renforcé par l’utilisation du bois comme support et du petit format « on » pourrait un temps apparenter ces œuvres, indirectement, à celles de la peinture néerlandaise et même de celles des terres scandinaves du grand nord de l’Europe. Mais les réduire à un seul champ pictural serait néanmoins omettre leur singularité et la singularité de cette artiste « déracinée volontaire » de son pays de naissance l’Argentine « vraie fausse sœur jumelle » de notre vieille Europe, leur ajoutant une dimension onirique et allégorique, très narrative et évocatrice propre à la culture latino-américaine où le rêve déborde souvent le réel assombri de nombreuses blessures et drames, abolissant les frontières très cartésiennes du corps et de l’âme, du sensuel et du spirituel, d’Eros et Thanatos. « Mes temps intérieurs sont longs » dit-elle souvent dans un sourire. L’aspiration d’une conscience déterminée, au voyage au grand voyage, celui de l’éveil. Et sans aucun doute de l’éveil Artistique. Cela fait trente-cinq ans que Marcela D’Ortenzio vit en France, arrivée un jour heureux d’Août 1989. Architecte diplômée de la Faculté de Buenos Aires, elle a toujours peint, exprimant ainsi sa très grande sensibilité et la richesse de son monde intérieur de « l’entre deux cultures » et de ce « temps long » précieux pour elle correspondant si bien à cette discipline artistique difficile et exigeante. Puis ce désir de peindre devint plus rare, se mit  en retrait progressivement comme un effacement muet.

Elles étaient là, soigneusement posées dans l’atelier, attendant patiemment  d’être  réveillées et peut-être juste leur éveil. Il fallait les montrer et les voir enfin. Une première fois. Parce que talentueuses et incarnées. Et pour ne pas regretter. Le temps passe vite et s’écoule lentement «  on vieillit, on vieillit » écrivait le poète Mathieu Bénézet*; quoi faire après ? Ouvrir une fenêtre, s’émerveiller à nouveau de la beauté simple des choses. Un éclat de lumière égaré, les reflets du ciel, le bruissement des feuilles, la fragilité d’une fleur et la grâce du chat alangui profitant du soleil. S’apaiser, se reposer et peut-être s’assoupir. Redevenir invisible. Attendre l’esquisse. Espérer l’ébauche. Pour retrouver l’élan de l’insouciance, la flamme, la lumière intérieure. Et poursuivre le voyage, celui de la peinture.

«  Il n’y a que deux conduites avec la vie : ou on la rêve ou on l’accomplit » René Char 

( Eloge d’une soupçonnée)

Pour Marcela 

Denis MARTIN Avril  2024

 *Préau des Collines N° 10


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26.4.24

Marc FELD du 03 au 17 mai 2024

Je ne représente pas ce que je vois, je suis guidé par autre chose qui va se donner à voir, qui ne pourra être appréhendé que par l’oeil du spectateur, par sa présence, par sa vision.

Je cherche à être dans l’énergie de la couleur, dans l’intensité non dictée par la seule volonté. Je joue en permanence avec le hasard et l’aléatoire, j’invente des stratégies, pour faire surgir l’inattendu… Les formes doivent venir autant du mental que du corps, il faut s’abandonner…

 

Dans un espace temps infime, quelque chose se joue avant les mots, que les mots en écho au regard viendront éclairer par la parole, la réflexion ou le silence que les tableaux déclenchent chez « le regardeur ». La peinture tente de saisir l’insaisissable, l’improbable mouvement des choses ; quand je regarde, je ne vois rien, quand je peins, je m’approche d’une perception.

 

La peinture est la projection mentale du corps multiple du peintre dans son interrogation perpétuelle de l’acte de peindre. Entre aveuglement et éblouissement, se tient une frontière fragile où les mots n’ont pas encore surgit… Entre la vision et le regard, une résonance impalpable… Fragilité, intensité et mystère : présence(s). Le corps voit ce que l’oeil croit voir, le peintre ne voit rien ; peindre c’est un envahissement progressif, un ensevelissement sous les décombres, une brèche ! La peinture se situe avant le langage, dans la matière secrète des mots.

En peignant, je tente une approche, 

je guette ce gibier insaisissable qui est « moi »…

Marc Feld

  

« Pour Marc Feld, la peinture n’est pas une technique (ou si peu),

mais un surgissement – le lieu d’une présence tremblée, le lieu

sans lieu de la rencontre avec les grands morts.

Un surgissement vertigineux, inépuisable.

Ici, tout le corps voit – précisément ce que les autres ne voient pas.

Les êtres et les choses en leur centre d’inquiétude.

Marc Feld se re-connaît dans la peinture.

Il se re-connaît dans ce qu’il n’a pas voulu.

Ou voulu tant et si fort qu’il n’en savait rien.

Jusqu’à s’abandonner. S’il ne peint pas,

il n’est pas lui-même. Tout simplement – et splendidement. »

Zéno Bianu (poète, dramaturge, essayiste et traducteur français.)



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                      Son HUBLOT du 03.05.2024




13.4.24

Isabelle PEREZ du 19 avril au 03 mai 2024


Artiste plasticienne, née en 1966 à Paris, Isabelle Perez, explore depuis longtemps tant par la peinture, la sculpture et la gravure les thématiques de la mémoire et de la tragédie.


La mémoire qui ressurgit à l’occasion de grands drames mais échoue à les prévenir. 


La tragédie au sens baroque qui propose la représentation d’un monde instable et inquiétant où les apparences sont trompeuses.


Actuellement l’artiste est traversée par la question du rêve comme réalité mentale pouvant par l’art devenir réalité matérielle.

 


L'Instagram de Isabelle PEREZ ici
                      Son HUBLOT du 19.04.2024





30.3.24

Céline ACHOUR du 05 au 19 avril 2024

Ma démarche a longtemps été introspective, s’appuyant sur mes sentiments, mes tourments et mon histoire tout en évoquant des sujets universels dans lesquels chacun peut se retrouver : le temps qui passe, la solitude, la différence, les difficultés relationnelles, la violence des sentiments, la sexualité… J’ai longtemps pensé que ma peinture n’était ni militante, ni politique, qu’elle ne concernait que l’humain dans ses préoccupations existentielles, mais l’année 2020, la pandémie et les confinements successifs ont profondément modifié mon approche. Pour la première fois, je me suis mise à créer des peintures représentant un univers bien réel alors que nous vivions une expérience d’enfermement surréaliste.

Désormais, ma peinture ne traite plus uniquement de mes émotions. Elle traite de notre environnement, qu’il soit géographique ou technologique comme dans le tableau présenté « Intelligence Artificielle ». Il y est également question de choix et de notre façon de faire face aux changements, comme dans « A contre-courant ». Dans tous les cas, il y est question de notre humanité et de notre place dans un monde incertain et en perpétuelle évolution.


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                     Son HUBLOT du 05.04.2023
                     Son HUBLOT du 12.04.2024